Environ 160 millions de personnes nées en Afrique ont choisi de résider en dehors du continent. L’éducation et l’emploi ont été des facteurs déterminants de leur départ. Néanmoins, la nécessité d’envoyer des fonds à leurs amis ou à leur famille restés au pays est un aspect commun à tous ces individus.
En 2022, leur contribution collective s’élevait à 95 milliards de dollars pour l’économie africaine. Néanmoins, le processus de transfert de ces fonds n’est pas sans poser de problèmes. Bien que largement utilisés, les établissements financiers tels que Western Union et MoneyGram ne sont pas les seuls choix possibles, ce qui permet à de nouveaux concurrents d’entrer dans l’arène.
En 2020, Ridwan Olalere et Rian Cochran, qui travaillaient auparavant pour la fintech chinoise OPay, ont lancé LemFi afin de simplifier le processus de transfert d’argent pour les immigrants.
Ridwan Olalere, qui avait déjà travaillé pour des entreprises telles que Flutterwave et Uber, a expliqué que leur motivation pour lancer LemFi provenait de leur désir de relever les défis qu’ils avaient rencontrés chez OPay. Ils ont notamment constaté qu’il était difficile d’effectuer des paiements transfrontaliers sur le continent. En outre, la perspective de faciliter les paiements en provenance des pays occidentaux leur a semblé un problème tout aussi intéressant à résoudre.
LemFi a fourni aux immigrants un compte polyvalent capable de gérer, de transférer et de recevoir des fonds dans la devise de leur pays d’origine et dans celle de leur pays d’accueil. En outre, les utilisateurs peuvent envoyer de l’argent dans plus de 30 pays différents.
Aujourd’hui, la startup a dévoilé un financement de série A de 33 millions de dollars, mené par Left Lane Capital. Global Founders Capital, Zrosk, Y Combinator et Olive Tree se sont joints à ce tour de table en tant qu’investisseurs.
Depuis sa création en 2020, la startup a obtenu une licence IMTO au Nigéria et a finalisé avec succès l’acquisition de Rightcard Payment Services au Royaume-Uni. Cette acquisition a permis à LemFi de faciliter des transactions plus importantes et d’offrir une sécurité renforcée pour les fonds des utilisateurs. Inversement, la licence IMTO garantit le traitement direct des transferts de fonds vers les comptes bancaires nigérians, éliminant ainsi le besoin d’intermédiaires. En juin, la société a également étendu ses services au Kenya et a changé de nom, passant de « Lemonade Finance » à « LemFi ».
Expliquant la raison de ce changement de nom, M. Cochran a expliqué qu’au moment du lancement de la startup, les fondateurs étaient conscients de la grande popularité du nom « Lemonade » et prévoyaient le risque de se heurter à des contestations de marques ou de droits d’auteur de la part de marques préexistantes.
Bien qu’ils aient obtenu un financement substantiel dans un contexte de réduction de l’activité mondiale de capital-risque, Olalere et Cochran reconnaissent que le processus a été ardu et prolongé, s’étalant sur une grande partie de l’année.
« Les sociétés de capital-risque sont aujourd’hui plus précises dans leurs choix d’investissement. Ils réfléchissent longuement et ont le luxe de disposer du temps nécessaire pour prendre des décisions en connaissance de cause. Dans le passé, il s’agissait d’adhérer ou de refuser, nous clôturons dans deux semaines. En outre, le fait qu’il s’agisse d’une société de services financiers signifie que l’investisseur principal doit faire preuve d’une grande diligence. Cela peut allonger considérablement le délai », explique M. Cochran.
Dans le cadre de cette opération, Matthew Miller, directeur de Left Lane Capital, siégera au conseil d’administration de LemFi.
« LemFi a fait preuve d’une approche méthodique et stratégique en obtenant des licences et en établissant un réseau solide d’institutions financières collaboratrices afin de rationaliser les paiements transfrontaliers pour les immigrants. Nous sommes enthousiastes à l’idée d’aider LemFi à élargir sa gamme de produits pour répondre aux besoins d’un plus grand nombre de communautés d’immigrants à l’échelle mondiale », a-t-il fait remarquer.
Le traitement réservé aux Africains par les institutions financières internationales a été largement documenté. Si PayPal permet aux Africains d’ouvrir des comptes, les retraits ne sont pas autorisés. Cette situation a considérablement influencé le développement de LemFi, comme l’explique Olalere. LemFi s’est attaché à trouver des moyens d’intégrer les Africains qui se heurtent fréquemment à des obstacles dans le cadre financier mondial, tout en protégeant ses partenaires des risques potentiels – un défi majeur auquel il a été confronté.
Avec l’extension de leurs opérations à d’autres pays, M. Cochran a souligné que la compréhension et la navigation dans les divers prérequis réglementaires ont constitué une courbe d’apprentissage cruciale pour l’équipe.
Bien qu’ils refusent de divulguer l’ampleur précise de leur croissance ou les conditions particulières de l’acquisition, les cofondateurs ont expliqué que l’ampleur du cycle de financement témoigne de leurs progrès substantiels. Ces fonds seront consacrés au développement de produits, aux efforts d’expansion et à la possibilité d’acquisitions futures.