Eya Rziga
En 2014, Sanusi Ismaila a quitté Lagos pour s’installer à Kaduna avec la vision de fonder un centre technologique pour donner aux individus les moyens de relever les défis du monde réel.
Il était animé par la conviction qu’il était crucial de nourrir les écosystèmes technologiques dans les zones situées en dehors de Lagos, car les défis locaux sont mieux relevés par ceux qui comprennent intimement leur contexte.
Cependant, il s’est rapidement heurté à un obstacle de taille : l’absence d’un vivier de talents capable de soutenir les startups à l’échelle nationale. Pour y remédier, il a pris du recul dans la chaîne de valeur afin de générer les talents nécessaires à la création de produits et de startups de haute qualité.
En 2016, Ismaila a créé le CoLab, qui est devenu le premier centre technologique de Kaduna et le deuxième dans la région nord du Nigeria. CoLab est une communauté dynamique pour les personnes qui poursuivent une carrière dans la technologie et les visionnaires désireux de partager leurs connaissances et de nouer des liens.
Lagos est la pierre angulaire du paysage technologique nigérian, à l’instar de la Silicon Valley en Amérique du Nord. Toutefois, contrairement aux États-Unis, où des villes comme New York, Seattle et Chicago abritent également de solides écosystèmes technologiques qui renforcent l’influence de la Silicon Valley, les centres technologiques situés en dehors de Lagos ont du mal à établir leur présence et à susciter l’intérêt des parties prenantes.
Par conséquent, les meilleurs professionnels de la technologie de ces régions se voient souvent contraints de s’installer dans des régions plus prometteuses à la recherche d’opportunités plus intéressantes.
Par un bel après-midi de 2018, Pablo a observé deux jeunes individus qui entraient chez le coiffeur et portaient des sweats à capuche arborant les logos CoLab et Python. Il s’était un jour aventuré dans l’analyse de données, mais avait abandonné ses efforts, attribuant son abandon à un « manque de compréhension ».
Après avoir entamé un bref dialogue avec ces personnes, il a découvert qu’elles étaient membres de CoLab. Un mois plus tard, il s’est inscrit pour étudier l’analyse de données. Six ans plus tard, il est employé à AltSchool et occupe le poste de directeur des ressources humaines et de responsable des programmes de science des données à CoLab, tout en continuant à résider à Kaduna.
À l’origine, il s’agissait d’un petit groupe de jeunes gens vêtus de sweats à capuche, regroupés autour d’ordinateurs portables HP d’occasion, qui s’est transformé en l’une des plus grandes sources d’expertise technologique du nord du Nigeria. CoLab s’enorgueillit d’un réseau de plus d’un millier de diplômés, dont certains ont uni leurs forces pour créer des startups telles que Sudo Africa, tandis que d’autres ont obtenu des postes dans des organisations de premier plan telles que Paystack, Microsoft et Google.
L’impact de cette communauté a été si important qu’en mai 2022, le gouverneur de l’État de Kaduna, Nasir ElRufai, a reconnu son potentiel et lui a alloué sept hectares de terrain pour développer un campus afin de former encore plus de professionnels de la technologie.
Excel Ajah, fondateur de WritersGig, un marché en ligne pour les rédacteurs indépendants, a rencontré des difficultés pour recruter des professionnels de la technologie. Il estime que cette difficulté est un facteur clé qui ralentit le développement des communautés technologiques dans les régions de l’Est.
