Avec une base importante d’utilisateurs de téléphones mobiles et une demande croissante de smartphones, le Nigeria est confronté à des défis importants pour établir une industrie nationale de fabrication de téléphones mobiles.
Bien qu’il compte plus de 320 millions de cartes SIM et plus de 220 millions de connexions mobiles actives, le pays n’a pas atteint l’objectif de produire des téléphones mobiles localement. À l’heure actuelle, 99 % des appareils mobiles sont importés d’autres pays, ce qui se traduit par des importations mensuelles estimées à 50 milliards de nairas.
La demande importante de téléphones mobiles est évidente au Nigeria, où les consommateurs continuent d’acheter des appareils malgré les défis économiques, la baisse du pouvoir d’achat et l’impact de la baisse du taux de change et de l’augmentation des prix.
D’après les données du Centre du commerce international (ITC), la période entre 2019 et 2021 a vu une expédition totale de téléphones d’une valeur de 2,35 milliards de dollars au Nigéria, avec une importation mensuelle moyenne d’environ 65,2 millions de dollars.
Au taux de change actuel (768 – 800 N/$), le chiffre mentionné correspond à environ 50 milliards de dollars nigérians. Néanmoins, la forte dépendance à l’égard des importations a eu un impact significatif sur l’économie du Nigeria.
Les téléphones étrangers dominent toujours le marché nigérian.
Le Nigeria est devenu un marché florissant pour diverses marques de téléphones du monde entier. Des entreprises de Finlande, de France, des États-Unis, d’Inde, du Japon, des Philippines, de Taïwan, de Corée du Sud, d’Afrique du Sud et des Émirats arabes unis ont réussi à s’implanter dans le pays.
Le marché local est principalement dominé par des marques étrangères populaires telles que Tecno Mobile, Infinix, Nokia, Samsung et Apple. Ces marques proposent une gamme variée d’appareils, dont les prix s’échelonnent de 150 000 N à plus d’un million N. Ces marques vendent environ 63 millions d’appareils dans le pays. Ces marques vendent environ 63 millions d’appareils par an au Nigeria, et l’utilisateur moyen a tendance à changer d’appareil tous les six à 18 mois.
Les efforts déployés par les entreprises locales pour se lancer dans la fabrication de téléphones se sont heurtés à des limites et à des difficultés. Des marques comme AfriOne et RLG souhaitaient établir des usines de fabrication locales, mais elles ont eu du mal à concurrencer efficacement les marques étrangères, ce qui a conduit à leur fermeture. Même le téléphone portable ITF fabriqué au Nigéria, remis à l’ancien président Muhammadu Buhari en 2021, n’a pas réussi à s’imposer sur le marché.
La voie à suivre pour l’industrie nigériane des smartphones
Les experts du secteur ont souligné la nécessité d’une intervention du gouvernement pour revitaliser l’industrie nigériane de la fabrication de téléphones portables. Chief Deolu Ogunbanjo, président de la National Association of Telecoms Subscribers (NATCOMs), s’est dit préoccupé par la situation actuelle, la décrivant comme désordonnée. Comme solution potentielle, il propose de revoir la réglementation de la Commission nigériane des communications (NCC) sur la fabrication des téléphones.
Le chef Ogunbanjo suggère notamment d’obliger les principaux acteurs du marché nigérian, tels que Tecno et Samsung, qui détiennent d’importantes parts de marché, à établir des usines de fabrication locales. Cette mesure devrait avoir un effet positif sur les possibilités d’emploi dans le pays et réduire le rapatriement des capitaux associés aux téléphones importés.
M. Ogunbanjo a souligné qu’étant donné que le Nigeria a dépassé les 200 millions de connexions mobiles, il est impératif d’établir une usine de fabrication dans le pays. Cela aurait un impact significatif sur la création d’emplois et contribuerait à atténuer le rapatriement des fonds hors du Nigeria.
Pour que cette vision devienne réalité, il est essentiel de créer un environnement propice aux affaires, comprenant des infrastructures robustes et des mesures de sécurité renforcées. Cependant, la fluctuation des taux de change et l’instabilité économique ont découragé les investisseurs potentiels de s’aventurer dans la fabrication locale de téléphones. Pour relever ces défis, il est urgent d’établir une nouvelle feuille de route qui incite les fabricants locaux et étrangers à installer des usines au Nigeria, contribuant ainsi à la croissance économique du pays.
Le gouvernement nigérian joue un rôle crucial dans la sauvegarde du marché local de la téléphonie mobile en mettant en œuvre des réglementations proactives. Un suivi et des politiques sont nécessaires pour maintenir la stabilité du marché et éviter qu’il ne soit inondé d’appareils mobiles non réglementés provenant de différents pays.
La forte dépendance à l’égard des appareils mobiles importés, dont plus de 99 % proviennent de l’étranger, souligne l’absence d’une industrie manufacturière nationale. Par conséquent, cette dépendance à l’égard des importations a des conséquences économiques importantes, des milliards de dollars étant dépensés chaque année pour l’importation de téléphones. Pour relever ces défis, il est essentiel de favoriser l’émergence d’une industrie locale de fabrication de téléphones mobiles, car cela réduirait les sorties de capitaux et stimulerait la création d’emplois et la croissance économique au Nigeria.
Pour rajeunir le marché des téléphones fabriqués au Nigeria, le gouvernement doit créer un environnement commercial favorable, s’attaquer aux lacunes infrastructurelles et offrir des incitations aux fabricants locaux et étrangers. En mettant en œuvre des politiques et des interventions appropriées, le Nigeria peut se positionner comme un centre prospère de fabrication de téléphones mobiles, ce qui se traduira par des opportunités d’emploi et une croissance économique.