Itana, l’économie numérique africaine, et l’Africa Finance Corporation (AFC) ont officiellement convenu de collaborer à la création de la première zone économique numérique du continent.
Ce partenariat historique, dévoilé lors de la Global Africa Business Initiative dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies, marque un tournant dans l’avancée technologique de l’Afrique.
L’AFC sera le fer de lance du financement de la phase initiale du projet Itana, évaluée à 100 millions de dollars. Cette initiative s’inscrit dans le cadre des récents efforts déployés par le Nigeria pour promouvoir les zones économiques numériques, comme en témoigne la formation par le gouvernement d’un comité de pilotage en 2024.
Ce comité, dirigé par le président Bola Ahmed Tinubu, comprend des ministres clés des finances, de la justice, de l’industrie, du commerce, de l’investissement, des communications, de l’innovation et de l’économie numérique.
Le paysage numérique de l’Afrique a connu une croissance remarquable au cours de la dernière décennie. L’utilisation d’Internet a triplé, passant de 216 millions d’utilisateurs en 2015 à 728 millions en 2024.
Parallèlement, le financement des startups africaines est monté en flèche, passant de moins de 200 millions de dollars en 2015 à 4 milliards de dollars en 2023, ce qui témoigne de l’intérêt accru des investisseurs pour le potentiel de la région.
Cependant, cette croissance s’est souvent produite en dépit de défis réglementaires plutôt qu’en raison de cadres favorables. Itana vise à résoudre ce problème en créant un environnement plus propice aux entreprises numériques.
Cofondée par Luqman Edu, Coco Liu et Iyinoluwa Aboyeji, Itana développe une zone économique numérique à Lagos, au Nigeria, ciblant les entreprises technologiques, financières et de services qui souhaitent opérer en Afrique.
Le concept de zone franche n’est pas nouveau, les premiers exemples remontant au début du XXe siècle. Ces zones offrent aux entreprises des incitations réglementaires telles que des allègements fiscaux, des abattements pour la propriété étrangère, un droit du travail souple et des procédures d’enregistrement simplifiées.
La zone franche d’Itana exemptera les entreprises enregistrées des exigences fiscales nigérianes, des droits d’importation et des restrictions monétaires. Edu envisage qu’Itana devienne pour le Nigeria et l’Afrique ce que le Delaware et la Silicon Valley sont pour les États-Unis, le DIFC pour Dubaï et l’e-Estonie pour l’Union européenne.
Depuis sa création, Itana a obtenu un financement de 2 millions de dollars de la part d’investisseurs tels que Future Africa, Promonos Capital et LocalGlobe. La première phase du projet comprend la construction d’un campus technologique au Nigeria, conçu pour accueillir près de 5 000 personnes. Itana a déjà attiré plus de 2 000 membres numériques et délivré des licences à plusieurs entreprises, et d’autres demandes sont en cours.
La société a également lancé l’application Itana, qui offre une plateforme complète pour l’enregistrement des sociétés et les services bancaires aux entreprises. Il est prévu d’ajouter des fonctionnalités de traitement des visas et de déclaration d’impôts.
Pour une somme inférieure à 2 000 dollars, les entreprises peuvent s’enregistrer en tant qu’entreprises de zone franche via l’application.
Samaila Zubairu, présidente-directrice générale de l’AFC, s’est déclarée fière de lancer cette initiative aux côtés d’Itana, soulignant son potentiel à créer un centre prospère pour l’économie numérique africaine et à stimuler l’innovation, la création d’emplois et le développement économique durable à travers le continent.
Cette collaboration entre Itana et l’AFC représente une étape importante pour faire de l’Afrique un acteur majeur de l’économie numérique mondiale, transformant potentiellement le paysage commercial du continent et attirant les investissements internationaux et les talents.