Cette semaine, le Kenya est le théâtre d’un événement climatique de première importance, visant à présenter l’Afrique comme un épicentre potentiel de l’énergie durable.
Cette conférence est le précurseur de plusieurs rassemblements mondiaux importants qui déboucheront sur des délibérations essentielles des Nations unies.
Alors que les efforts mondiaux pour réduire les émissions de carbone restent vains et que des régions souffrent de conditions climatiques difficiles, la prochaine conférence sur le climat, qui se tiendra dans les Émirats arabes unis, pays riche en pétrole, devrait être le théâtre d’idéologies énergétiques contrastées.
Le président du Kenya, William Ruto, envisage le premier sommet africain sur le climat, qui se tiendra à Nairobi de lundi à mercredi, comme un moyen de « proposer des solutions enracinées en Afrique ».
L’ambition est de faire de l’Afrique l’épicentre de la révolution mondiale des énergies vertes. Toutefois, pour concrétiser cette vision, il est nécessaire de disposer d’un apport financier substantiel et d’un allègement de la dette.
Mavis Owusu-Gyamfi, de l’African Center for Economic Transformation (ACET), a indiqué que les dirigeants comme M. Ruto visent à positionner l’Afrique en tant que contributeur proactif pour relever le défi climatique mondial, plutôt qu’en tant qu’observateur passif.
Malgré la grande diversité de ses 54 pays et de ses 1,2 milliard d’habitants, les dirigeants africains ont uni leurs efforts autour d’objectifs spécifiques centrés sur le climat. Ces objectifs vont de l’allègement de la dette et de la croissance durable à la refonte du système financier mondial. L’objectif est de préparer le terrain pour les événements mondiaux cruciaux qui culmineront avec la COP28, notamment les discussions du G20 en Inde, l’Assemblée générale des Nations unies et la réunion annuelle de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Marrakech.
M. Owusu-Gyamfi estime que la communauté internationale est attentive lorsque l’Afrique présente une position unie sur une question.
Le sommet de Nairobi devrait attirer de nombreux dirigeants africains, Ursula von der Leyen, chef de file de l’UE, Antonio Guterres, chef de file de l’ONU, et d’autres dignitaires internationaux.
Une version préliminaire de la conclusion du sommet, consultée par l’AFP, souligne l’immense potentiel de l’Afrique en matière d’énergies renouvelables, sa jeune population en plein essor et sa richesse en ressources naturelles.
Mohamed Adow, qui dirige le groupe de réflexion Power Shift Africa, perçoit le sommet comme une occasion pour l’Afrique de passer de l’extraction des ressources à la production, en transcendant les tensions géopolitiques.
La déclaration préliminaire envisage un objectif ambitieux : augmenter la capacité de l’Afrique en matière d’énergies renouvelables de 20 % en 2019 à 60 % d’ici à 2030. À la tête de cette initiative, le Kenya s’engage à produire toute son électricité à partir de ressources renouvelables d’ici à 2030.
Cependant, le chemin à parcourir est semé d’embûches. Bien qu’elle abrite 60 % des ressources optimales d’énergie solaire du monde, la capacité installée de l’Afrique est comparable à celle de la Belgique, comme le soulignent le président Ruto et le directeur de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol, dans un récent commentaire.
Charra Tesfaye Terfassa, du groupe de réflexion E3G, reconnaît l’évolution de la perspective de la croissance africaine. Toutefois, elle insiste sur la reconnaissance des vulnérabilités politiques et financières du continent…
Au milieu de ces défis, les nations africaines sont confrontées à une crise de la dette de plus en plus grave. Comme l’a souligné la Banque mondiale, huit des neuf pays en situation de surendettement en mars étaient africains
Des rappels de l’instabilité politique de l’Afrique ont fait surface cette semaine, avec une prise de pouvoir militaire au Gabon survenant peu après un coup d’État au Niger.
La transition vers les énergies propres dans les pays en développement est essentielle pour maintenir l’objectif de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement climatique à « bien en dessous » de deux degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle, idéalement à 1,5C.
Pour atteindre cet objectif, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) suggère que les investissements doivent monter en flèche pour atteindre 2 000 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie, soit une multiplication par huit.
Cependant, à peine 3 % des investissements mondiaux dans le domaine de l’énergie sont actuellement dirigés vers l’Afrique.
L’engagement pris de longue date par les pays riches d’allouer 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour soutenir les pays économiquement faibles dans leur lutte contre le changement climatique n’a pas encore été tenu.
Cette promesse non tenue a diminué la confiance dans l’engagement de ces pays riches à aider les pays qui ont le moins contribué au réchauffement de la planète, mais qui sont confrontés à de graves conséquences.
Dans ce contexte difficile, les pays africains sont en outre accablés par une crise de la dette qui ne cesse de s’aggraver. Comme le souligne la Banque mondiale, huit des neuf pays en situation de surendettement en mars étaient africains.