Les Nations unies ont publié de graves prévisions, indiquant que la crise de la faim en Afrique devrait s’intensifier considérablement l’année prochaine, avec environ 50 millions d’Africains susceptibles de souffrir de la faim.
Cette situation alarmante portera le nombre total de personnes souffrant de la faim sur le continent à plus de 300 millions, ce qui représente la plus forte augmentation de ce groupe en une seule année.
Margot Vandervelden, directrice régionale par intérim du Programme alimentaire mondial pour l’Afrique de l’Ouest, a mis en évidence un scénario désastreux dans lequel l’insuffisance des financements conduira les personnes souffrant d’une faim modérée à sauter des repas et à se contenter d’options moins nutritives.
Elle prévient que cela pourrait conduire à un cercle vicieux de la faim et de la malnutrition.
Le Programme alimentaire mondial attribue cette crise imminente à la flambée des prix des denrées alimentaires, aux effets du changement climatique et aux conflits régionaux en cours.
La région du Sahel, en Afrique, est confrontée à des conflits permanents qui ont contraint des millions de personnes à fuir leur foyer. Le Programme alimentaire mondial (PAM) fait état d’un manque criant de financement pour faire face à ces problèmes.
Par conséquent, l’accès à des aliments nutritifs est limité, ce qui a un impact disproportionné sur les femmes et les enfants.
La région a connu une augmentation du nombre de groupes armés insurgés, ce qui a entraîné l’effondrement des mesures de lutte contre le terrorisme. Cet échec a créé un espace propice à l’épanouissement des organisations terroristes.
Le Council on Foreign Relations a souligné plus tôt cette année que les organisations extrémistes violentes exacerbent la crise humanitaire en attaquant les travailleurs humanitaires et en exploitant l’instabilité pour recruter et contrôler les populations locales à travers le Sahel.
Dans des pays comme le Nigeria, l’Éthiopie et le Soudan, la productivité agricole est gravement menacée par les troubles actuels.
La région du Sahel est confrontée à des défis qui vont au-delà des conflits locaux. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a eu un impact significatif sur l’approvisionnement mondial en blé, entraînant la fin de l’accord crucial sur les céréales de la mer Noire.
Cette perturbation a entraîné la perte d’expéditions de céréales vitales pour l’Afrique. Notamment, au cours du premier semestre 2023, l’ONU s’était approvisionnée en Ukraine pour environ 80 % de ses céréales, qu’elle distribuait dans les régions qui en avaient le plus besoin. L’effondrement de cet accord a entraîné une flambée des prix des denrées alimentaires, rendant les produits alimentaires de base inabordables pour de nombreuses personnes.
La plupart des régions touchées s’efforcent encore de trouver des moyens de se remettre sur pied.
En outre, le changement climatique constitue une menace croissante pour l’Afrique. Le continent est touché de manière disproportionnée par les conséquences des émissions mondiales, notamment en termes de production alimentaire.
Malgré cela, il semble qu’il n’y ait pas d’urgence à traiter la vulnérabilité de l’Afrique face à cette crise.
Florian Kroll, spécialiste des systèmes alimentaires, a exprimé sa déception face à la déclaration de la COP28, déclarant qu’elle « laisse lamentablement tomber l’Afrique ».
Lors du sommet, les dirigeants d’Afrique et du Moyen-Orient ont présenté un projet de 10 milliards de dollars destiné à financer les avancées technologiques dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage. Cette initiative vise à aider les millions de personnes qui souffrent de l’insécurité alimentaire liée au climat.
Si certains dirigeants africains ont salué cette initiative, plusieurs experts estiment que l’expansion de l’agriculture traditionnelle pourrait aggraver les dommages causés à l’environnement et augmenter les émissions de gaz à effet de serre de l’Afrique.
« L’Afrique sera plus touchée par le changement climatique que les autres continents », a fait remarquer M. Kroll, de l’Institute for Poverty, Land and Agrarian Studies (Institut pour la pauvreté, la terre et les études agraires).
La mise en place de systèmes alimentaires plus durables est prometteuse, mais il prévient que « sans une refonte complète du système de production alimentaire, l’impact sera minime ».
Le défi ne se limite pas à la productivité agricole. De nombreuses régions connaissent également une période de sécheresse industrielle. Cette année, en raison de conditions macroéconomiques difficiles, plusieurs entreprises, y compris des sociétés internationales, ont réduit leurs effectifs ou cessé leurs activités. Cette situation a un effet complexe sur les taux d’inflation et de chômage.
Le problème central de l’Afrique n’est pas la faim, mais plutôt la productivité. La faim n’est qu’un symptôme de ce problème plus vaste. Il existe donc une opportunité significative pour les entreprises désireuses d’investir dans l’amélioration de la productivité africaine.